Texte et photos de Françoise Laouenan
Dimanche 13 avril, 9 heures
Olivier B., le guide botanique de la matinée, et Yannick M., le conservateur de la réserve des Grandes Landes de Trébédan, accompagnent un petit groupe d’adhérents de l’antenne venu découvrir et observer le monde végétal de la réserve.
Une rapide lecture du paysage permet de voir :
- la molinie (Molinia caerulea) qui donne à la lande l’allure d’une brume légère, couleur de foin sec,
- les ajoncs nains (Ulex minor) fleuris de jaune,
- les bruyères (Erica ciliaris et Erica tretralix) et callunes (Calluna vulgaris) encore sombres avant les tons roses du début de l’été,
- la végétation généreuse derrière les mares,
- les arbres feuillus, en marge de la lande, essentiellement des bouleaux pubescents (Betula pubescens) et des saules divers (Salix…) aux verts nouveaux dont les feuilles sont tout juste arrivées,
- les pins maritimes avec leurs nouvelles pousses colorées de bruns orangers en bout de branche et leurs cônes mâles dorés chargés de pollen.




De la protocellule à la plante
Olivier présente en images l’évolution du végétal depuis l’origine, de l’organisme monocellulaire à nos jours : les algues primaires, la division cellulaire, la fécondation, les gamètes, les fruits, les fleurs, les milieux indispensables à la vie.
Descendu au niveau de la lande, le groupe avance vers les mares. Faune et flore se côtoient. Des jeunes grenouilles agiles, rousses ou vertes plongent entre les potamots (Potamogeton) qui tapissent le fond des mares. Une nèpe (Nepa cinerea) nommée aussi scorpion d’eau, est repérée. C’est une longue punaise d’eau qui monte régulièrement en surface pour respirer. Elle grimpe sur les plantes aquatiques et s’y cache pour chasser ; quelques blocs de vieux végétaux en surface lui servent pour y pondre ses œufs.
Sur le bord des mares, de petites plantes présentent au niveau du sol des feuilles en étoile, collantes et roulées sur elles-mêmes. Ce sont des Grassettes du Portugal (Pinguicula lusitanica), plantes carnivores qui se nourrissent de petits invertébrés. A côté, d’autres végétaux sortent à peine de terre, leur couleur rouge et quelques cils collants qui dépassent laissent penser que la drosera intermédiaire (Drosera intermedia) va bientôt coloniser ces bords de mare.
De la lande à la boulaie

Sur le chemin qui suit, les ronces, les restes des fougères et les ajoncs gênent le passage des visiteurs. A propos des fougères aigle (Pteridium aquilinum), Olivier invite le groupe à trouver des jeunes crosses qui commencent tout juste à sortir de terre ; elles sont délicates et souples, enroulées en spirale à leur extrémité.
Les fougères existent depuis plusieurs millions d’années. Elles ne fleurissent pas, ce sont leurs feuilles qui ont une fonction reproductrice : elles portent des organes reproducteurs (les sporanges) sur leur face inférieure, d’où seront libérées et disséminées par le vent des semences microscopiques (les spores) qui germent lorsque la température est douce et l’humidité du sol suffisante.
Jadis, les hommes utilisaient la fougère : artisanat, chaume, combustible, litière, ou nourriture grâce à la richesse des rhizomes (pour les porcs voire les êtres humains en période de disette).
Le groupe entre dans la boulaie (zone de bouleaux), elle est claire, les troncs sont fins et le feuillage est encore tendre. Olivier a repéré un « balai de sorcière« . C’est une excroissance avec une multiplication de rameaux produits par l’arbre qui se défend de champignons et de bactéries qui parasitent le végétal. Ces rameaux sur une branche évoquent ceux des balais d’antan.

De la sphaigne à la tourbière




Les visiteurs s’accroupissent maintenant pour observer des mousses, qui malgré leur petite taille couvrent une grande partie du sol, de vieilles souches, des bas de troncs. Elles ont besoin d’humidité mais ne doivent pas être dans l’eau en permanence. Elles sont à cette saison vertes et délicates, esthétiques, légères, attirantes…
Et l’on voit… les sphaignes, ces mousses ébouriffées qui absorbent l’eau comme une éponge. Elles sont les plantes architectes des tourbières, ces zones qui jouent un rôle essentiel et fondamental dans la purification de l’eau et le piégeage du carbone, et ce, depuis des millénaires. Ces habitats sont malheureusement aujourd’hui menacés, il convient donc de les préserver comme il convient de préserver toutes les zones humides !
A la prochaine visite…