L’avenir du littoral entre Cancale et Saint-Malo…

…contribution de BVRE sur le réaménagement de l’anse Du Guesclin.

Le littoral entre Cancale et Saint-Malo subit de fortes pressions à la fois naturelles (changement climatique, montée du niveau de la mer, tempêtes) et humaines (fréquentation, activités diverses), ce qui menace la biodiversité et la résilience du milieu.

L’anse Du Guesclin est identifiée comme un secteur emblématique, à fort enjeu écologique et patrimonial. Face à ces enjeux, l’association Bretagne Vivante propose de faire de ce site un laboratoire pilote de l’adaptation aux changements climatiques.

Comprendre les enjeux

L’anse de Du Guesclin est un espace naturel remarquable qui regroupe plusieurs milieux sensibles :

  • À l’ouest, un massif dunaire avec une dune blanche régulièrement agressée par les tempêtes et marées, ainsi qu’une pelouse arrière-dunaire récente, partiellement cultivée.
  • À l’Est, une zone humide constituant l’estuaire du ruisseau la Trinité, drainant la vallée boisée du Moulin Esnoux.

Cette diversité de milieux abrite une biodiversité riche et protégée :

  • Plusieurs habitats remarquables (fourrés, végétations littorales halophiles, végétations amphibies).
  • Une flore riche avec 5 espèces protégées au niveau régional ou national (par exemple, Crambe maritima, Eryngium maritimum).
  • Une faune diversifiée, dont 6 espèces d’amphibiens et 10 espèces de chauves-souris.
  • Une avifaune abondante : 88 espèces d’oiseaux observées, dont 70 protégées nationalement, et plus de 20 espèces remarquables (hirondelle de rivage, alouette des champs, aigrette garzette, bécassine des marais, etc.).

Depuis le milieu du XXe siècle, l’anse Du Guesclin subit des pressions cumulées :

  • Un historique d’aménagements lourds : drainage agricole des marais, prélèvement massif de sable dans les années 1960 pour la construction du barrage de la Rance.
  • Le changement climatique impacte la hausse du niveau de la mer, donc l’érosion côtière et le recul du trait de côte se poursuivront . Au niveau de l’anse, il atteindra la route D201 en 2050 et les parcelles agricoles rétrolittorales en 2100. L’anse du Guesclin, une partie du site du Verger, certaines falaises pourraient disparaître dans les prochaines décennies. Avec la montée des eaux et l’intensification des tempêtes, la stabilité des milieux est menacée.
  • La fréquentation touristique importante entraîne piétinements, stationnements anarchiques et pollution et des aménagements de parkings
  • la RD 201 découpe le site empêchant la libre évolution naturelle des dunes.

BVRE retient trois priorités pour l’avenir du site

  1. Préserver et restaurer la biodiversité et les milieux naturels : protéger les habitats, limiter les impacts du piétinement, restaurer les dunes, les marais et autres milieux dégradés.
  2. Développer un tourisme durable : sensibiliser les visiteurs à la fragilité du site, réguler les accès et la fréquentation pour réduire les dégradations. La côte d’Émeraude offre une occasion unique de mettre en valeur son patrimoine naturel. En effet, elle peut promouvoir une écologie positive en valorisant la beauté naturelle de la région tout en sensibilisant les visiteurs à sa fragilité.
  3. Revoir l’accès à ce lieu exige une réflexion approfondie sur le remplacement de la rue D201 par des options viables et respectueuses de l’environnement. En raison de son ensablement régulier, il faut repenser les modalités d’accès à ces sites naturels. Cela permettrait de limiter l’impact environnemental et de faire face au tourisme. Il est également essentiel de sensibiliser davantage les populations locales et les touristes aux enjeux environnementaux et climatiques.

Les propositions d’action de BVRE pour nourrir le projet global de l’avenir de l’Anse et sur son réaménagement

À court terme (5 ans)

  • Envisager la suppression de la RD 201
  • Prioriser l’accès aux mobilités douces
  • Poursuivre la mise en place des modalités de stationnement adaptées
  • Animer des actions pédagogiques pour sensibiliser les visiteurs aux enjeux de conservation de la biodiversité
  • Poursuivre la concertation entre riverains, usagers, associations locales et gouvernance

À moyen terme ( 5 -15 ans)

  • Modifications de transports avec le déplacement de la RD 201,
  • Développement des alternatives de mobilité douce, navettes électriques, pistes cyclables
  • Augmenter le nombre de passages des bus
  • Augmenter les TER entre Rennes et Saint Malo
  • Lancer des projets de restauration des habitats naturels

À long terme

  • Adaptation aux changements climatiques en mettant en œuvre des solutions basées sur la nature pour faire face à l’élévation du niveau de la mer et à l’érosion côtière, tout en préservant les écosystèmes locaux.
  • Développement d’un tourisme durable en créant des infrastructures écologiques

Conclusion

L’avenir du littoral repose sur un indispensable équilibre entre la nécessité de préserver la biodiversité, de prendre en compte l’impact dû aux changements climatiques et la gestion du tourisme contribuant à l’économie de la région. Une approche intégrée et durable, impliquant tous les acteurs locaux, sera essentielle pour relever ces défis.