La salamandre tachetée, le petit dragon des forêts humides

Jean-Christophe Dudicourt, le 07/12/2025

Une visite dans la Réserve des Grandes Landes de Trébédan au crépuscule m’ayant permis de voir une superbe Salamandre tachetée, j’ai voulu en savoir plus sur cet être étrange que je ne connaissais pas. D’où l’idée de cet article.

Qui est la Salamandre tachetée ?

Elle appartient à la Famille des Salamandridae et à la tribu des Urodèles, amphibien muni d’une queue. Elle s’apparente aux tritons, mais ne vit pas dans l’eau. Elle vit principalement en Europe des Pyrénées aux Carpates. Il existe trois sous-espèces en France : terrestris sur la majeure partie du territoire ; salamandra dans le sud-est et fastuosa dans les Pyrénées.

Si un soir de pluie, muni d’une lampe torche, vous croisez un petit être noir d’environ 20 cm, luisant avec des taches jaunes ou oranges et une queue courte cylindrique, c’est elle. Elle pèse 20g environ, vit principalement en forêt, dans les lieux humides et préfère les régions au climat tempéré (Bretagne, Normandie).

Le meilleur moment pour la voir, les nuits pluvieuses d’automne ou de printemps.

Elle vit plutôt seule et se cache dans la journée sous une souche, une pierre ou dans un terrier abandonné, elle attend la nuit pour se promener

L’hiver, elle entre en hivernation, elle ralentit son métabolisme, se met dans un endroit frais et humide où elle attend le retour des beaux jours : un tas de feuilles, sous une pierre, une souche, ou dans une galerie de micromammifère abandonné. Si l’hiver et doux et humide elle peut même faire une petite sortie nocturne (photo prise le 1er décembre à Trébédan).

Que mange-t-elle ?

C’est une prédatrice miniature d’invertébrés, quelle chasse avec sa langue collante :

Vers de terre, limaces, escargots, insectes sont à son menu. Elle est donc très utile pour le jardinier.

La Salamandre tachetée est-elle dangereuse ?

Son look flashy met en garde les prédateurs. En effet, des petites glandes, situées sur son dos et derrière la tête, secrètent une substance toxique la samandrine qui provoque des brulures des muqueuses des animaux trop gourmants. Mais, pour nous humains pas de danger car nous ne la touchons pas (c’est un animal protégé c’est donc interdit) et sinon il suffit de se laver les mains.

La Salamandre peut régénérer une de ses pattes en quelques mois. A partir de cellules souches. Elle partage cela avec les Tritons, mais pas les grenouilles. Les gènes existent aussi chez l’homme mais sont endormis. De nombreux scientifiques essaient de lever l’inhibition.

Comment se reproduit-elle ?

Tout commence au printemps, par une parade nuptiale, quand le mâle rencontre une femelle. Il tourne autour d’elle, la frôle et dépose un spermatophore sur le sol (petit paquet contenant ses spermatozoïdes). La femelle se place au-dessus du spermatophore et le récupère dans son cloaque. La fécondation est interne. Elle ne pond pas d’œufs, mais garde les bébés dans son ventre pendant plusieurs mois. On dit qu’elle est ovovivipare.

Quand vient le moment, elle se dirige vers un point d’eau : une mare, une flaque, un ruisseau, et donne naissance à des larves vivantes (20 à 70), munies de branchies, qui vont terminer leur croissance en milieu aquatique en quelques semaines. Il faudra quatre à cinq ans pour devenir un adulte reproducteur.

Les menaces sont essentiellement humaines :

Les routes, les herbicides et pesticides, la disparition de leur habitats, un champignon tueur le Batrachochytrium salamandrivorans(Bsal), qui attaque la peau des salamandres et décime les Salamandre.

Comment la protéger ?

En respectant ses habitats, en banissant les pesticides, en ralentissant sur les routes boisées et humides.

Mythes et légendes autour de la salamandre

Pline l’Ancien décrit la salamandre joliment couverte d’étoiles mais extrêmement dangereuse et toxique. « Qu’une goutte de sa salive touche n’importe quelle partie de notre peau suffit pour faire tomber tous nos poils et cheveux. »

Dans la tradition hébraïque, la salamandre est un dragon maléfique… ou purificateur. La Kabbale recommande de plonger la bête dans une huile vieille de trois ans pour éviter tout incendie dans sa maison.

François Ier adopte la salamandre sur son blason qui tapisse les murs des châteaux avec la devise « Je m’en nourris et je l’éteins ». Autrement dit, je me nourris du feu de la foi et de la pureté chrétienne et j’éteins celui du péché, de l’impiété et de la sédition.

Dans les campagnes françaises, on racontait que la respiration de la salamandre pouvait faire enfler une personne jusqu’à ce que sa peau éclate. En Auvergne où elle est connue sous le nom de soufflet ou enfle-bœuf, la salamandre tuerait les troupeaux de bovins et, dans le Berry, sa présence suffirait à les faire enfler.

Au Moyen Age, les alchimistes s’en emparent. Animal de l’élément feu, la salamandre compte parmi les ingrédients indispensables pour transformer le mercure en or. Il est même recommandé de la plonger vivante dans un chaudron rempli de métal liquide…

Bibliographie :

  • Les jardins de Mélusine : https://biodiversitéfrance.com/salamandre-tachetée.
  • Guide des reptiles et amphibiens de France. Jean-Marc Thirion Philippe Evrad ? Belin Editeur.
  • La Salamandre pour de vrai de Julien Perrot. Extrait de la revue Salamandre n° 248, Octobre-Novembre 2018.