Le 25 octobre 2025



La vigne se trouve sur les terres de la Ferme des Cours Paris (où travaillent aussi Camille Condette et Lauriane Lereau en élevage bovin pour la fabrication de fromages), sur la commune de Baguer Morvan.
Cette vigne couvre une superficie de 60 ares. Elle a été plantée en 2022, et les premières vendanges ont été faites cet automne, les 20 et 27 septembre. Ce sera du vin blanc.
Marine a 40 ares de vigne sur un autre lieu (Pleudihen-sur-Rance), ce qui fait 1 hectare en tout.
Marine insiste beaucoup sur le fait que ce projet (né trois ans avant la plantation) a été un projet collectif. « Je n’ai rien fait toute seule« .
Elle n’a pas encore le statut d’agricultrice et gagne sa vie en étant caviste ambulante (sur les marchés de St Pern et Dol entre autres)
Trois ans de travail de réflexion, avec de nombreux partenaires, avant de planter. De façon permanente, elle partage avec d’autres :
- la SCI (pour l’achat du chai et les travaux de remise en état).
- la SCIC (avec la ferme du bourg à Sains)
Ici sur la ferme, Marine utilise la bouse de vache et le petit lait.
La bouse pour faire du prâlin (concentré de bactéries dans l’humus obtenu), qui sert à badigeonner les racines des nouveaux plants au moment de la plantation ; le petit lait pour mieux traiter avec le soufre et le cuivre, en faisant une sorte de colle, et à lutter contre le mildiou et l’oïdium (selon le principe de la biodynamie, en dilution et après centrifugation).
Les animaux de la ferme participent en remplaçant les machines : traction animale, avec des ânes, mais aussi des boeufs.
Il y a deux cépages, résistants au gel : le Chenin et le Grolleau gris
Chaque pied est unique, obtenu par sélection massale. Les rangs sont serrés, un tracteur ne passerait pas. Les ânes semblent se promener librement dans la vigne (spectacle rare !), ils participent à l’élimination des adventices.
On bute et on débute chaque rangée, pour concurrencer les adventices et empêcher les racines des ceps de rester en surface.
En hiver, on taille. La vigne est une liane, qui pousse très vite. En juin, on ébourgeonne et on palisse. En juillet on traite (en plus du cuivre et du soufre : prêle, achilée, petit lait, bourdaine… tout ça en pulvérisation).
Marine passe beaucoup de temps à observer. Le calendrier est à adapter en fonction de la météo, ce n’est pas simple.
Les animaux : ce sont ses collègues. La traction animale est un long apprentissage, Marine s’est formée. Elle utilise pour le boeuf le collier, et non le joug qui est une forme de contention.L’animal le mieux adapté à ce site est le boeuf. Les ânes sont aussi utilisés, mais doivent être deux car pas assez puissants, et être alors menés par deux personnes..
Le chai : une vieille grange s’est trouvée à vendre au bon moment. Il a fallu faire pas mal de travaux, en dérangeant le moins possibles les habitants du lieu : chauves-souris, chouette effraie, hirondelles rustiques, et même des paons du jour en hibernation. Tous sont restés, ou revenus.
Après récolte, on égrappe environ la moitié du raisin le raisin avant de le passer au pressoir (pressoir hydraulique) qui peut traiter jusqu’à 600 litres.
Ces premières vendanges ont donné 1500 litres de jus.
Avec les deux cépages, et deux manières de travailler sur un cépage, on peut obtenir au moins deux ou trois vins différents.
En ce moment le jus est en fermentation*, dans des cuves et des fûts de chêne.
Pendant toute la vinification, il faut surveiller de nombreux paramètres, et procéder à différentes analyses, certaines sur place, d’autres confiées à un laboratoire.
* les levures, indigènes, présentes sur le raisin, transforment le sucre en alcool avec dégagement de CO2 et des bactéries elles aussi indigènes, assurent ensuite la fermentation malo-lactique.
A la question : « Combien coûtera une bouteille de ton vin ? » Marine répond qu’elle n’en a pas la moindre idée !
La visite du chai s’est terminée par une dégustation de vins « amis », accompagnés des excellents fromage de Camille et Lauriane !
Texte : Françoise Goguel et Alain Couatarmananc’h